tag:blogger.com,1999:blog-84775251048116618982024-02-07T05:24:15.978+01:00Melville, Delon & CoYannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comBlogger78125tag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-41843728663967205132017-10-20T07:00:00.000+02:002017-10-22T14:40:59.673+02:00Jean-Pierre Melville 1917 - 1973<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_Mp364O0qz698J4ilPgAJZ4M1B0QxVnWrHO5MbvkCYJ0YlB01pZW2k1D8Vzwp4iAccvf2mG8wV1UjrrDC3Jd2aZkJjqW8WeqMSJiu7Oed6kvZElfo6o1WpPZNpEvIURwpfEcFZ0X1Mlw/s1600/JPMelville.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_Mp364O0qz698J4ilPgAJZ4M1B0QxVnWrHO5MbvkCYJ0YlB01pZW2k1D8Vzwp4iAccvf2mG8wV1UjrrDC3Jd2aZkJjqW8WeqMSJiu7Oed6kvZElfo6o1WpPZNpEvIURwpfEcFZ0X1Mlw/s400/JPMelville.jpg" width="400" height="398" data-original-width="510" data-original-height="507" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></a></div><br />
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<div style="text-align: right;"><span style="font-size: x-small;">Fiche d'identité des FFL datée du 16 août 1943</span></div><br />
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-16912719496469751332017-09-18T07:00:00.000+02:002017-09-18T11:22:33.512+02:00Les Carnets de la créationVous pouvez retrouver le podcast de l'émission du 15 septembre de Aude Lavigne sur <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-carnets-de-la-creation" target="_blank">France Culture </a>à propos de <b>Melville, Delon & Co</b> <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/les-carnets-de-la-creation/melville-mon-amour" target="_blank">ICI</a><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghXt7VzPNvQGmfYoQQAl21qBDiztC0fWPSrZ8HRqHt2WAMtrU5sf53_8rQ1LAuJ_QvJgMM4yHqcCKj5uSbJZ_mrO8v024XzhyphenhyphenpQkKoyLDb9ZeuQIuSpOUq1fZ5EuaCK_G273v4KbNb-sI/s1600/PodcastMelvilleFB.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1314" data-original-width="980" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghXt7VzPNvQGmfYoQQAl21qBDiztC0fWPSrZ8HRqHt2WAMtrU5sf53_8rQ1LAuJ_QvJgMM4yHqcCKj5uSbJZ_mrO8v024XzhyphenhyphenpQkKoyLDb9ZeuQIuSpOUq1fZ5EuaCK_G273v4KbNb-sI/s400/PodcastMelvilleFB.jpg" width="296" /></a></div>
<br />Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-26010145390196101432017-09-15T07:00:00.000+02:002017-09-15T07:00:42.051+02:00<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
MELVILLE EST DIEU, MAIS DIEU EST SEUL.</div>
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-91739590305735233082017-09-14T07:00:00.000+02:002019-04-26T12:25:56.705+02:00Véhicule #6<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr5zGdU10z7YnWMWfuU8sBlz5jPxGnmFKbiRVOnF9y-ofTulhs-OhI4nznlMjNnUsra76vnMO-HoHOtwRgn1ZQysSIf34KpDUWASYoDhVEofuQsaY6Me2doEt9X4vNNOJq8DFlVt1grWo/s1600/FURY3+-+copie.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhr5zGdU10z7YnWMWfuU8sBlz5jPxGnmFKbiRVOnF9y-ofTulhs-OhI4nznlMjNnUsra76vnMO-HoHOtwRgn1ZQysSIf34KpDUWASYoDhVEofuQsaY6Me2doEt9X4vNNOJq8DFlVt1grWo/s1600/FURY3+-+copie.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Plymouth Fury III 66', Modèle réduit 1/43e, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film :</b> <i>Le cercle rouge</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
La voilà donc, la fameuse Plymouth<span style="font-size: small;">[1]</span> que Corey achètera sur La Canebière à la sortie des Beaumettes<span style="font-size: small;">[2]</span>. Un véhicule sur lequel le concessionnaire a collé une affichette bilingue où il est indiqué : AFFAIRE EXCEPTIONNELLE – REAL BARGAIN<span style="font-size: small;">[3]</span>.</div>
<div style="text-align: justify;">
C'est après être sorti de chez Rico, que Corey repérera l'Américaine. La concession n'étant pas encore ouverte (elle ne le sera qu'à partir de 9h), celui-ci décide d'aller faire un billard à quelque pas de là, seul. Et c'est donc à son retour qu'il achètera la voiture, direction Paris. </div>
<div style="text-align: justify;">
Sortant de Marseille par l'A7, il rejoindra la Nationale 7 par l'A51 en passant par Aix-en-Provence. Jusque-là, tout est vérifiable. On le voit en effet se diriger a priori vers Aix, après s'être arrêté sur le bord de l'autoroute pour planquer ses revolvers dans le coffre de la Plymouth. Et puis ensuite, impossible de savoir vraiment. A-t-il préféré rester sur la N7 ? A-t-il opté pour l'autoroute à chaque fois que c'était possible<span style="font-size: small;">[4]</span>. Seuls quelques signes peuvent nous aider à trancher.</div>
<div style="text-align: justify;">
J'avais pensé un temps qu'il n'avait emprunté que les nationales 6 et 7, mais trop d'indices me font penser finalement qu'il a dû alterner. En effet, Corey est a priori pressé de rentrer sur Paris et semble vouloir faire le trajet dans la journée, quitte à arriver à la nuit tombée : au motard qui contrôle ses papiers, il indiquera que la carte grise sera refaite dès le lendemain ; et puis, quelques minutes plus tard il dira à Vogel : </div>
<div style="text-align: justify;">
<i>- Allons-y ! Il faut être en sécurité au plus vite et il n'y a que Paris.</i> </div>
<div style="text-align: justify;">
On peut donc penser logiquement qu'il prendra l'autoroute chaque fois qu'il le pourra. Selon cette option, et en fonction des lieux où on le retrouve, il est possible de retracer son trajet :</div>
<div style="text-align: justify;">
- à la sortie de Marseille, Corey prend l'A7 puis bifurque sur l'A51 puis repasse sur la Nationale 8, direction Aix-en-Provence,</div>
<div style="text-align: justify;">
- de Aix-en-Provence jusqu'à Sénas, il emprunte la Nationale 7,</div>
<div style="text-align: justify;">
- de Sénas jusqu'à Lyon, l'autoroute non-stop,</div>
<div style="text-align: justify;">
- de Lyon à Avallon, il repasse sur la Nationale 6 avec un arrêt au barrage de Saint-Loup-de-Varennes, au niveau du monument à Nicéphore Nièpce. Puis déjeuner au Relairoute de La Rochepot et deuxième barrage,</div>
<div style="text-align: justify;">
- de Avallon à la forêt de Fontainebleau, retour sur l'autoroute mais cette fois-ci il s'agit de l'A6,</div>
<div style="text-align: justify;">
- et puis, on ne sait pas trop pourquoi, Corey sort de l'autoroute (vraisemblablement à quelques kilomètres au nord de Nemours, au niveau de Ury) et se fait serrer par les sbires de Rico,</div>
<div style="text-align: justify;">
- et enfin, repart sur la Nationale 7, passe à proximité de Barbizon et reprend l'A6 à Soizy-sur-Ecole, jusqu'à Paris.</div>
<div style="text-align: justify;">
Arrivé à destination, il gare la Plymouth devant son immeuble, au niveau du 19 avenue Paul Doumer.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
D'ici, à chaque fois qu'il se déplacera dans Paris ou ira en banlieue (pour se rendre au Santi's, à Mauboussin ou chez le fourgue), se sera avec cette Plymouth Fury III. Car contrairement à Jef Costello, Corey ne prend jamais le métro. Et contrairement à Costello, Corey est propriétaire de son véhicule, qui plus est une Américaine et non une française. Tout l'inverse du Samouraï. </div>
<div style="text-align: justify;">
C'est comme si Corey et Costello incarnaient à eux deux le yin et le yang. Eternellement différents, éternellement opposés (complémentaires ?), jusque dans leur allure : l'un arbore le chapeau, l'autre la moustache. Et puis surtout, on l'a déjà dit, l'un tue alors que l'autre, jamais. Et pourtant. Ils appartiennent au même cinéaste qui, lui, tentera d'en faire la synthèse dans un personnage unique - Edouard Coleman - ultime représentation d'un créateur tout-puissant, omnipotent seul face à sa page blanche …</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;">[1] A noter que cette même Plymouth Fury III réapparaîtra en 1972 sur le front de mer de Saint-Jean-de-Monts dans le rôle de la voiture des malfrats perpétrant le casse de la BNP, au début de <i>Un flic</i>.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;">[2] Il s'agit en fait de la voiture personnelle de Jean-Pierre Melville.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;">[3] De la même manière, il est indiqué sur la vitrine de la concession Simca (!), en français et en anglais : <i>OUVERT sans interruption - OPEN without interruption</i>. Comme pour bien rappeler au spectateur les influences cinématographiques de Melville et les origines américaines du film noir.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;">[4] A l'époque, l'autoroute n'existait que par tronçons et donc il fallait, parfois, repartir sur la Nationale.</span></div>
<br />
<br />
<br />Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-21981503671166422042017-09-12T07:00:00.021+02:002021-04-27T17:23:45.474+02:00Objet #21<div class="separator" style="clear: both;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuJv_zruNVBL3T07rhoxGYw9v0BCR-w9k5pW-Um1WVsUr-bYgu4XwFqVhg2w5Ybf12CiabQ77D2IrNvrSDUnsaCTCLUE0ihmtLqTxvAVeqIvdOGwTC45dojGK0Jz3KS0OtzTZUK9qYn6Y/s1000/TasseBistrot.jpg" style="clear: left; display: block; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; padding: 1em 0px; text-align: center;"><img alt="" border="0" data-original-height="1000" data-original-width="980" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuJv_zruNVBL3T07rhoxGYw9v0BCR-w9k5pW-Um1WVsUr-bYgu4XwFqVhg2w5Ybf12CiabQ77D2IrNvrSDUnsaCTCLUE0ihmtLqTxvAVeqIvdOGwTC45dojGK0Jz3KS0OtzTZUK9qYn6Y/s16000/TasseBistrot.jpg" /></a></div><p><span style="color: #666666;"><i>Tasse à café et soucoupe vert Empire, 2021</i> - Polaroid © Yannick Vallet</span></p><p><span style="color: #666666;"><b>Film</b> : <i>Le cercle rouge</i></span></p><p style="text-align: justify;">La toute première chose que fera Corey en sortant des Baumettes, c'est de prendre un café à deux pas du vieux port. Un geste symbolique pour signifier qu'avec lui, l'histoire peut enfin commencer. Etonnament d'ailleurs, ce ne sera pas dans un véritable bistrot qu'il le prendra mais plutôt dans une boulangerie. Un lieu certainement plus proche de son ancien standing, celui d'avant la prison, celui du temps où il pouvait se payer une montre Cartier en platine, celle-là même qu'il a récupérée à sa levée d'écrou. Croissant au beurre, fine tasse de porcelaine blanche rehaussée d'un léger filé doré, serveuse plutôt mignonne, la journée qui s'annonce à présent semble avoir pour lui un goût de nouveau départ. Mais, un peu plus tard, lorsqu'on le retrouvera en Bourgogne déjeunant au Relairoute, ce sera dans une ambiance bien plus populaire et pour une longue séquence de près de quatre minutes sans aucun dialogue. Juste le bruit du blizzard qui souffle sur le plateau de la Rochepot et quelques notes de jazz pour égayer le déjeuner. Alors qu'assis bien au chaud, Corey est en train de prendre son café accompagné d'une cigarette, à l'extérieur Vogel vient de s'introduire discrètement dans le coffre de la Plymouth. Corey n'a rien raté du petit manège du malfrat. Il s'empresse de reposer sa tasse vide, paye puis se lève. La tasse de bistrot vert Empire, symbole des restaurants de bords de route, n'a reçu que peu de considération de la part de Corey. Celle-ci, non seulement n'est pas de couleur blanche mais en plus elle ne possède pas de filé doré sur son pourtour. Cette tasse, somme toute très banale, est finalement comme ce relairoute, une simple étape dans un périple journalier que rien ne doit entraver. Même pas un évadé recherché par toutes les polices.
</p>Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-48483869775255404332017-09-11T07:00:00.000+02:002017-11-08T16:40:40.160+01:00Personnages #3<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF-t7B-eyUF5VEbQPO8bU6qDsmZbX-ucRXwma2-oHw17TaHhmpiNbkFDO05Y9HOLbEMptOvmiJUff2rlKhXk5h6l3f5evT70FdzdDU2pqnONNKJ3yREh-IrI4YqygO0tdO1wiTYplZ3Ao/s1600/3maitressessBlanc.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF-t7B-eyUF5VEbQPO8bU6qDsmZbX-ucRXwma2-oHw17TaHhmpiNbkFDO05Y9HOLbEMptOvmiJUff2rlKhXk5h6l3f5evT70FdzdDU2pqnONNKJ3yREh-IrI4YqygO0tdO1wiTYplZ3Ao/s1600/3maitressessBlanc.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #666666;"><i>Trois Maîtresses, 2017</i> - Triptyque © Yannick Vallet (d'après Jean-Pierre Melville)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #666666;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #666666;">Films : <i>Le samouraï, </i></span><span style="color: #666666;"><i><span style="color: #666666;"><i>Le cercle rouge, </i></span>Un flic</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
« <i>Il n'y a pas de femmes dans mon film, je ne l'ai pas fait exprès, je ne suis pas misogyne, mais en écrivant le scénario, tout d'un coup, je me suis aperçu qu'il n'y avait pas de place pour les femmes. Alors il n'y en aura pas.</i> »<span style="font-size: x-small;">[1]</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et effectivement, dans <i>Le cercle rouge</i> il n'y a pas de grands rôles de femmes. Mais tout de même, celles qui apparaissent ont leur importance, à commencer par l'ex-petite amie de Corey (Anna Douking) que l'on aperçoit sur les trois petites photos noir et blanc qu'il récupère à sa levée d'écrou et que l'on découvre "en vrai" un peu plus tard, dans le lit de son ancien complice Rico. Une anonyme (jamais son prénom n'est prononcé, pas même écrit dans le scénario) qui a le mérite d'incarner à elle seule tout le passé de Corey. Sa vie intime, ses amitiés, ses trahisons …</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans <i>Le samouraï</i>, Jeanne (Nathalie Delon), elle aussi la femme de deux hommes, n'a pas quitté Costello pour l'autre. Très amoureuse de Jef, elle doit subir le caractère très indépendant de son amant et semble lui être dévoué corps et âme. Dans la première scène où ils sont ensemble, Jef Costello vient lui dicter son alibi. Il ne restera chez elle pas plus de trente secondes et ne la touchera pas. C’est à peine d’ailleurs, s’il la regardera. </div>
<div style="text-align: justify;">
Quant aux adieux de la fin du film, ils sont, là aussi, plutôt rapides. Jef est pressé, il évite autant qu'il peut le rapprochement des corps mais ne pourra se soustraire lorsque Jeanne, posant une main volontaire sur son épaule lui demandera "<i>Qu'est-ce que je dois faire Jef ?</i>". Les yeux dans les yeux, il lui passe la main dans les cheveux, puis l'attire à lui et dépose un léger baiser sur sa joue. L'étreinte ne durera que quelques secondes, puis Jef s'en ira. Pour toujours.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans <i>Un flic</i>, c'est tout le contraire. Les rencontres entre Coleman et Cathy dureront une éternité. Comme si le temps se distendait. La scène du piano au Simon's en est un bel exemple avec deux longues minutes d'un face à face musical et sentimental. Plus tard, lorsque le commissaire rencontre Cathy dans le secret d'une chambre d'hôtel, ce sera dans une espèce de simulacre d'arrestation, puis de séduction, où Cathy s'essaierait au rôle de vampe. Tout cela semble un brin naïf et sonne un peu faux … jusqu'à ce qu'arrive la dernière scène dans laquelle le commissaire tue Simon sous les yeux de sa maîtresse. À ce moment-là, la réalité reprend le dessus. Brutalement. La réalité de deux mondes qui s'affrontent, chacun d'un côté de la loi. Cruellement. </div>
<div style="text-align: justify;">
Comme si les héros melvilliens étaient condamnés à vivre seuls, séparés des femmes, éternellement. Comme si l'amour, le vrai, ne leur était pas autorisé.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Trois femmes, trois maîtresses, pour trois héros solitaires. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: x-small;">[1] Jean-Pierre Melville sur le tournage du <i>Cercle rouge</i> en mars 1970.</span></div>
<br />
<br />Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-80452939857060138012017-09-07T07:00:00.000+02:002017-09-07T07:00:12.026+02:00Objet #20<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK9DAqgChczNrLZqu7tejVwLRenAH5Y8u3wFwlQZwaBRPmkAiRTmFP82Mxv_oqAXfuQOxV7zS6hDO6GXf-o3Ib8ZKt-cY5XWpbl0bZ85kzu0NGRvXKwxO-p2i0o9ydWJxcsdR2G3APxIU/s1600/WaltherP38Dessin+-+copie.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK9DAqgChczNrLZqu7tejVwLRenAH5Y8u3wFwlQZwaBRPmkAiRTmFP82Mxv_oqAXfuQOxV7zS6hDO6GXf-o3Ib8ZKt-cY5XWpbl0bZ85kzu0NGRvXKwxO-p2i0o9ydWJxcsdR2G3APxIU/s1600/WaltherP38Dessin+-+copie.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Revolver Walther P38, 2017</i> - Dessin © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Le cercle rouge</i></span><br />
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<div style="text-align: justify;">
Ce P38 a été récupéré à Marseille par Corey lors de l'altercation avec les gorilles de Rico, dans le club de billard de la rue Pavillon. Puis ce sera avant de quitter définitivement Marseille, juste avant l'embranchement entre l'A7 et l'A51, que Corey s'arrêtera un court instant pour planquer ce pistolet - ainsi que le Colt piqué à Rico - dans sa saccoche, au fond du coffre de la Plymouth. La dernière fois où cette arme réapparaitra ce sera dans la scène de la forêt : Vogel, sorti du coffre, le lancera à Corey afin de tenir à distance les sbires de Rico.</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: justify;">
Mais finalement, jamais le P38 ne servira vraiment. Mieux, jamais Corey tout au long du film, ne tirera une seule balle. A croire que tuer les gens ce n'est pas son truc. Il faut dire que vu la peine relativement courte de cinq années qu'il a purgé aux Beaumettes, ce n'est certainement pas un meurtre qui l'a mené là. Corey serait donc un malfrat aux mains innocentes ? Probablement. </div>
<div style="text-align: justify;">
Tout l'inverse d'un Costello …</div>
<br />
<br /></div>
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-79481703643409870032017-08-31T07:00:00.000+02:002017-08-31T07:00:22.893+02:00Lieu #12<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-6PvNq6HMZauYYhCXw4JPQ6CCibd9ajh4V4iawMdlxaqp3ki0nCaC0sizXYtZaY0VZG6DtNdxopLxicQd9NLZF7iGEpv4qUc86kDpq8IPUtwuiC5-SgqpBcj8V5dZI_U-ZjvbW0LhNOs/s1600/RueLepic.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="647" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-6PvNq6HMZauYYhCXw4JPQ6CCibd9ajh4V4iawMdlxaqp3ki0nCaC0sizXYtZaY0VZG6DtNdxopLxicQd9NLZF7iGEpv4qUc86kDpq8IPUtwuiC5-SgqpBcj8V5dZI_U-ZjvbW0LhNOs/s1600/RueLepic.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Hôtel Beauséjour, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Adresse : </b>1, rue Lepic - Paris 18<sup>e</sup></span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film :</b> <i>Un flic</i></span><br />
<br />
<br />
<span style="font-family: "courier";">124-<span style="mso-tab-count: 1;"> </span><u>EXTERIEUR NUIT</u></span> <br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Caméra basse.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>L'entrée de l'hôtel BEAUSE-</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>JOUR, 1 rue Lepic, à l'an-</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>gle de la place Blanche.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>A gauche de l'écran, la bou-</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>tique : "LA MAISON DU BAS" </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>dont l'enseigne lumineuse </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>est alternativement rouge </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>ou bleue.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Un gardien de la paix devant </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>la porte disperse les ba-</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>dauds.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><u>L'AGENT</u></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Circulez Messieurs-Dames, il</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>n'y a rien à voir ! …</span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Edouard Coleman, qui passait dans le quartier avec son adjoint (on vient de voir la Dodge Dart s'engager sur la place Pigalle), est appelé sur une scène de crime : <i>… Où ça ? … On y va et je vous rappelle après …</i></div>
<div style="text-align: justify;">
Or à l'écran, on retrouve la description précise que Melville a écrite dans le scénario : effectivement, l'enseigne lumineuse clignote bien du rouge au bleu. Une preuve supplémentaire que le cinéaste connait parfaitement Paris, lui, l'enfant du 9ème arrondissement.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
« <i>Jusqu'en 1956 je traînais. Je ne pouvais pas aller me coucher. Le nombre de fois où Auguste Le Breton et moi, par exemple, nous avons pris un petit-déjeuner après une nuit sans sommeil, à la terrasse du Pigalle, place Pigalle, c'est qu'on attendait les premiers rayons du soleil pour se commander un café crème.</i> » [1]</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et cela va encore plus loin dans la précision puisqu'après quelques recherches, j'ai découvert que l'Hôtel du 1 rue Lepic avait bien pour nom <i>Beauséjour</i> (il apparaît d'ailleurs sur certaines cartes postales du tout début du XXe siècle), mais il a fermé en 2008.<br />
<br />
Pour Edouard Coleman, il s'agit là d'un lieu important, un lieu où il prendra conscience de sa propre mort <span style="font-size: small;">[2]</span> lorsque, confronté au regard vide de la prostitué assassinée, il détournera le regard … pour mieux découvrir quelques secondes plus tard les noms des héros de Melville inscrits sur le mur <span style="font-size: small;">[3]</span>.<span style="font-size: x-small;"><i> </i></span>L'Hôtel Beauséjour, repère indéfectible d'un cinéaste où la vie et la création se croisent et s'entremêlent de manière profondément intime.<br />
<br />
<br />
<span style="font-size: x-small;">[1] In Jean-Pierre Melville : portrait en neuf poses de André S. Labarthe (Cinéastes de notre temps, 1971)<span style="font-family: Arial;"> </span></span><br />
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;">[2] voir post du 11 juillet :
<a href="https://melvilledelon.blogspot.fr/2017/07/personnages.html" target="_blank"><i>Personnages</i></a></span></span><span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;"> </span></span><br />
<span style="font-size: x-small;"><span style="font-family: Arial;">[3] voir post du 11 mai : <a href="https://melvilledelon.blogspot.fr/2017/05/decor-3.html" target="_blank"><i>Décor#3</i></a></span></span>
<br />
<br /></div>
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-51087939997543763432017-08-24T07:00:00.000+02:002017-11-06T16:34:31.842+01:00Personnages #2<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXoDfChGItKylEfxUNeV7mxfKxEGs8TRoB9VhREtHoyvUW12QSV0L2NQPZ_hBmxXZkr8oykJ39TLmphAz1nVb5vikD5ZOV3UQw4XmX8-fq2RycBQwW_7SIWdRGHzyG7mTTeoInZQFOfUw/s1600/3SecondsBlanc.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXoDfChGItKylEfxUNeV7mxfKxEGs8TRoB9VhREtHoyvUW12QSV0L2NQPZ_hBmxXZkr8oykJ39TLmphAz1nVb5vikD5ZOV3UQw4XmX8-fq2RycBQwW_7SIWdRGHzyG7mTTeoInZQFOfUw/s1600/3SecondsBlanc.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Trois Compagnons, 2017 </i>- Triptyque © Yannick Vallet (d'après Jean-Pierre Melville)</span><br />
<span style="color: #666666;"><br /></span>
<span style="color: #666666;">Films : <i>Le cercle rouge</i>, <i>Le samouraï</i>, <i>Un flic</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
Dans chacun des trois films de Melville, le héros Delon, drapé dans sa solitude un tantinet orgueilleuse, a toujours "à portée de main" un compagnon sur lequel il peut compter, quoi qu'il arrive et en toutes circonstances. </div>
<div style="text-align: justify;">
À commencer par le garagiste du <i>Samouraï</i>. Un homme du milieu toujours prêt à changer les plaques d'immatriculation, à fournir de fausses cartes grises ou de vrais revolvers. Étonnant d'ailleurs, comme ce garage est toujours ouvert lorsque Jef arrive, comme si l'homme attendait ici, jour et nuit, toujours disposé à rendre service. Compagnon loyal, il n'hésitera pas à prévenir Costello alors qu'il lui fournit pour une ultime fois un Smith & Wesson : <i>J'te préviens Jef … c'est la dernière fois</i>.</div>
<div style="text-align: justify;">
Dans <i>Le cercle rouge</i>, Vogel n'est pas le compagnon de toujours, mais il le deviendra. Et l'on sait, dès la scène de la cigarette au milieu des champs, que ce compagnonnage-là durera longtemps. Delon comprend qu'il pourra compter sur Vogel en toutes circonstances et pour une bonne raison : Vogel lui doit l'essentiel, sa liberté. Le regard que Corey lui lance à la fin du film alors qu'il s'apprête à rejoindre le fourgue, en dit long sur leurs relations. Sans parler de cette phrase lancée par Costello, et finalement assez étrange : Ne t'énerve pas … on a déjà fait mieux, non ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Quant à Morand, l'adjoint de Coleman, même s'il n'est pas de tous ses déplacements (le commissaire sait se préserver une certaine intimité, que ce soit avec sa maîtresse Cathy, son indic Gaby ou son ami Simon) il sera lui de toutes les missions. Toujours prêt à épauler son supérieur hiérarchique, à être son bras droit, son ombre, voire même celui qui réconforte lorsque la solitude de l'homme blessé devient trop grande. A ce titre, la dernière scène d'<i>Un flic</i> est tout à fait éloquente : alors que Coleman vient d'abattre son ami Simon sous les yeux de sa maîtresse, le commissaire et son adjoint, tous deux bien à l'abri dans leur voiture de fonction, descendent les Champs-Élysées sans un mot, les yeux rivés sur la route. Alors que l'atmosphère devient pesante, Morand fouille dans sa poche de manteau et en ressort un paquet de chewing-gum. Gentiment, il en proposera un à Edouard qui, poliment, le refusera d'un léger mouvement de tête négatif.</div>
<div style="text-align: justify;">
Les héros, tout solitaires qu'ils sont, n'en sont pas moins épaulés, à l'image du cinéaste Melville, solitaire mais jamais seul.</div>
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-61433929743816586572017-07-17T07:00:00.003+02:002017-07-17T10:19:29.145+02:00Lieu #11<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXUvprmm1nIG0l_zt_2z1POD8U0TVO06U2FQfkUxD0t5GGq-P08Bix2Izw3CKSzbEk8FWOorcIrB0HvGbdcSHeE0aCFFZG11Bypob2EEZJ6O3Ov8h7SIZt8jP4ohPFJNSRSqymXqVjAJo/s1600/LordByronVertical.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="667" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXUvprmm1nIG0l_zt_2z1POD8U0TVO06U2FQfkUxD0t5GGq-P08Bix2Izw3CKSzbEk8FWOorcIrB0HvGbdcSHeE0aCFFZG11Bypob2EEZJ6O3Ov8h7SIZt8jP4ohPFJNSRSqymXqVjAJo/s1600/LordByronVertical.jpg" /></a></div><div style="text-align: center;"><span style="color: #666666;"><i>1 rue Lord Byron, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span></div><div style="text-align: center;"><span style="color: #666666;"><br />
</span></div><div style="text-align: center;"><span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Le samouraï</i></span></div><br />
<div style="text-align: justify;">Dimanche, 6H. moins dix du matin. </div><div style="text-align: justify;">Jef Costello, après une nuit passée au 36 quai des Orfèvres, sort du bâtiment sous une pluie battante. Il hèle un taxi :</div><div style="text-align: justify;"><i>- 1 rue Lord Byron.</i></div><div style="text-align: justify;">Prudent, il regarde à travers la vitre arrière du véhicule pour vérifier qu'il n'est pas suivi.</div><div style="text-align: justify;">Arrivé à destination, il entre sans hésiter dans l'immeuble. Puis un ascenseur le mène dans les étages où il emprunte un long couloir labyrinthique.</div><div style="text-align: justify;">Mais le chauffeur de taxi était en fait un policier qui ne tarde pas à informer le commissaire par téléphone.</div><div style="text-align: justify;">Le commissaire : <i>Attention ! Le 1 rue Lord Byron est un immeuble à double issue.La sortie est sur les Champs-Élysées au 116 bis, dans le hall du Normandie.</i></div><div style="text-align: justify;">Et effectivement, Costello ressortira quelques secondes plus tard par le 116bis !</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Incroyable comme ici Melville, une fois de plus, fait preuve d'une grande précision. Mais les deux immeubles correspondent-ils vraiment ? La topographie des lieux est-elle plausible ? Je n'ai malheureusement pas pu le vérifier in situ, le côté Lord Byron étant gardé par un cerbère, le côté Champs-Élysées par un digicode !</div><div style="text-align: justify;">Melville connaissant parfaitement la capitale, on peut supposer qu'il n'a rien inventé. La seule chose qu'il a créée étant des personnages stylisés, solitaires, magnifiquement mis en scène dans un environnement réaliste. </div><div style="text-align: justify;">Un de ceux qui en parlent le mieux est certainement Nicolas Saada : « <i>Il y a d'un côté cette précision géographique extrême et de l'autre, cette stylisation extrême. Et c'est ça, toute la force de Melville. La force du souvenir d'un Paris qu'il connaît comme sa poche parce qu'il a traîné dans les rues de Paris - il connaît chaque coin de rue, chaque immeuble, chaque croisement et il peut comme ça, géographiquement, bâtir des itinéraires de personnages. Et en même temps, ce Melville esthète, qui aime un cinéma qui a disparu, qui aime le cinéma américain, et qui essaie de le faire vivre dans cette France de 1967.</i> » <span style="font-size: x-small;">[1]</span></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[1] Nicolas Saada à l'Institut Lumière de Lyon, le 11 février 2014</span></div><br />
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-75516374840794773792017-07-13T07:00:00.000+02:002017-07-13T07:00:36.138+02:00Objet #19<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhygmnEbu_1R5Xz7Kjex2_OlsKh9BHtPKYRG_LkNmH2TagA5yNwas1phQkrZPu6gP0WyboaWy3VPk9Awh9vgzEXx-PduzVpPoMyelHecz9h8fMP5OrHEtcls8YeRIftbACo_LixPXpyrnE/s1600/SW_SNUB_dessin.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhygmnEbu_1R5Xz7Kjex2_OlsKh9BHtPKYRG_LkNmH2TagA5yNwas1phQkrZPu6gP0WyboaWy3VPk9Awh9vgzEXx-PduzVpPoMyelHecz9h8fMP5OrHEtcls8YeRIftbACo_LixPXpyrnE/s1600/SW_SNUB_dessin.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Revolver Smith & Wesson Model 15 Snub, 2017</i> - Dessin © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film :</b> <i>Un flic</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
On ne verra que très peu le revolver d'Edouard Coleman dans <i>Un flic</i>. </div>
<div style="text-align: justify;">
La première fois, c'est pour nous faire la démonstration qu'il sait parfaitement se servir d'une arme, puisqu'il est sur le stand de tir de la Police Nationale, accompagné d'un officier instructeur. Il semble tellement à l'aise avec son arme qu'il tirera au jugé, la totalité des six balles du barillet !</div>
<div style="text-align: justify;">
La seconde fois, ce sera lors de la fameuse scène des lunettes noires alors qu'il retrouve sa maîtresse à l'hôtel. Celle-ci balance l'arme sur le lit avec une telle désinvolture qu'en un seul geste, elle annule, en une malicieuse métaphore de castration, tous les effets de la séance d'entrainement d'Edouard !</div>
<div style="text-align: justify;">
Et puis, la dernière fois, ce sera dramatiquement pour abattre son ami Simon, non sans une pointe d'un épouvantable cynisme : <i>Je n'étais pas sûr qu'il se suiciderait, lui.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le revolver, prolongement naturel du commissaire, est comme la matérialisation détestable de ce que peut être l'homme. L'homme au sens du mâle qui, en ces années de bouleversement social, entre féminisme et libération sexuelle, semble bien perdu : après la main (qui frappe) <span style="font-size: x-small;">[1]</span>, il ne reste plus au héros melvillien, pour s'affirmer, que l'arme (qui tue).</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">[1] voir la scène où il frappe son indic, Gaby.</span></div>
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-13883311261124402102017-07-11T07:00:00.000+02:002017-11-06T16:29:40.016+01:00Personnages #1<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitAUjcIWLsNTZvNqIosLWJS0LA0yOkS3AthkQRid2AE7E1UfRBwr_YEmDijY2wtbcsiHIvIQTS_UZ88NozKhu1WzIeMPDfarGy1GgjmAipaDzKBE191QHLQbGYOYEvITrCT3Vi0gm32Og/s1600/TROISFEMMES_CARRE%25CC%2581%252Bblanc.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="341" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitAUjcIWLsNTZvNqIosLWJS0LA0yOkS3AthkQRid2AE7E1UfRBwr_YEmDijY2wtbcsiHIvIQTS_UZ88NozKhu1WzIeMPDfarGy1GgjmAipaDzKBE191QHLQbGYOYEvITrCT3Vi0gm32Og/s1600/TROISFEMMES_CARRE%25CC%2581%252Bblanc.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Trois Inconnues, 2017</i> - Triptyque © Yannick Vallet (d'après Jean-Pierre Melville)</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Films :</b> <i>Le samourai, Le cercle rouge, Un flic</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">Dans chacun des trois films de Melville, le personnage-héros-Delon est confronté à chaque fois, et pendant une séquence relativement importante (en vingt à trente secondes et six ou sept plans), à une inconnue.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Dans <i>Le samouraï</i>, alors que Costello au volant de la DS grise s'arrête à un feu rouge, près de lui vient se ranger une petite Facel Vega conduite par une très jolie jeune femme aux cheveux courts. Jef, tournant la tête vers la voiture qui vient de s'arrêter, rencontre le regard, souriant, de l'inconnue. Regard auquel celui-ci répond, clope au bec, par un coup d'oeil particulièrement neutre. Visiblement déçue, la jeune femme fait une moue puis démarre et s'éloigne.</div><div style="text-align: justify;">Dans <i>Le Cercle rouge</i>, alors que Corey, assis à une table du Santi's, est en train d'attendre son contact, une jeune hôtesse énigmatique arrive et lui tend une rose rouge. Relevant la tête, celui-ci l'accepte avec un sourire. Echange de regards souriants, puis Corey dépose la fleur sur la table basse, en face de lui. Plan large, la jeune femme a bizarrement disparu !</div><div style="text-align: justify;">Dans <i>Un flic</i>, alors qu'il vient d'arriver sur une scène de crime, Coleman se met à observer avec insistance la prostituée morte qui, la bouche entrouverte, semble le fixer de ses grands yeux marron. Réalisant soudain que celle-ci, malgré les apparences, n'est pas vivante, le commissaire détourne le regard puis sort.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">La première remarque que l'on peut faire concernant ces trois séquences similaires c'est qu'au fil des années, Melville semble avoir évolué vers une objectivation de la mort. Alors que la première inconnue est la plus vivante et que celle du <i>Cercle rouge</i> semble ne plus être qu'une apparition fantomatique, celle d'<i>Un flic</i>, elle (et malgré les apparences), est définitivement privée de vie. Chacun des personnages - Costello, Corey, Coleman - est donc confronté dans chacun des opus, à une véritable incarnation de la mort <span style="font-size: x-small;">[1]</span>: </div><div style="text-align: justify;">- dans <i>Le samouraï</i>, la jeune fille annonce le destin tragique de Costello au moment où celui-ci ne peut plus faire marche arrière <span style="font-size: x-small;">[2]</span>,</div><div style="text-align: justify;">- dans <i>Le cercle rouge</i>, l'hôtesse est la messagère du présage de mort imminente et du sang versé <span style="font-size: x-small;">[3]</span>,</div><div style="text-align: justify;">- dans <i>Un flic</i>, la prostituée sans vie est la figure de la mort, celle qui rôde en permanence autour du commissaire <span style="font-size: x-small;">[4]</span>.</div><div style="text-align: justify;">Impossible donc de ne pas faire le rapprochement (une fois de plus) avec la prise de conscience de plus en plus évidente que Melville pouvait avoir de sa propre mort. Comme si, tout au long de la vie, la mort disséminait inexorablement des indices de sa présence.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Jean-Pierre Melville ne parlera d'ailleurs qu'une seule fois de la mort dans les interviews, ce sera à Florence Gruère pour l'émission <i>Cinéma</i>, en 1970 :</div><div style="text-align: justify;">F.G. : <i>Et-ce que vous pensez à la mort ?</i></div><div style="text-align: justify;">J-P. M. : <i>Non … non, non, elle m'indiffère complètement. Je la connais très bien … elle m'indiffère complètement. […] Je pars du principe que la mort c'est pour tout de suite, pour dans une minute, pour dans deux heures, pour dans six mois et que ça n'a vraiment aucune espèce d'importance. <br />
<br />
</i>Costello, Corey, Coleman ou comment le créateur Jean-Pierre Melville matérialise sont sentiment de solitude face à sa propre mort.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[1] A noter que dans <i>Le samouraï</i> la mort semble avoir plusieurs visages, mais toujours celui d'une jeune femme : « … dans mon film la Mort est personnifiée par Cathy Rozier [la pianiste, N.D.L.R.] … dont Delon va tomber amoureux. » (in <i>Le cinéma selon Jean-Pierre Melville</i> de Rui Nogueira)</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[2] Jef le tueur provoque la mort et finira par s'en servir contre lui-même.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[3] Corey le petit malfrat joue avec la mort qui, elle, finira par avoir le dernier mot.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[4] Coleman le flic côtoie la mort de prêt et finira par l'administrer lui-même à son meilleur ami.</span></div>Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-80002438308526561042017-07-06T07:00:00.000+02:002017-10-10T16:45:12.395+02:00Lieu #10<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWekhvjjx8v6vMm8psWo6kXfZKLwjxLe_AZIP2fRuxdFgRzvvq_KajGIK6C0KxEay6uriF59gvO9KJUAKUPEFkDwpSK8f6tm8u67pQ60tv7Hx_UpBqMU1NLKeRjvY0Wdbg_mhrqtcnJ7g/s1600/Telegraphe.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="667" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWekhvjjx8v6vMm8psWo6kXfZKLwjxLe_AZIP2fRuxdFgRzvvq_KajGIK6C0KxEay6uriF59gvO9KJUAKUPEFkDwpSK8f6tm8u67pQ60tv7Hx_UpBqMU1NLKeRjvY0Wdbg_mhrqtcnJ7g/s1600/Telegraphe.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Entrée Station de Métro Télégraphe, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Le samourai</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i>Télégraphe</i> est la station la plus proche de l'appartement de Costello. Et c'est précisément ici, à cette entrée, que le tueur prendra trois fois le métro. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les deux premières fois, nous ne verrons pas Costello descendre les marches, mais on peut aisément imaginer qu'il a bien pris le métro ici. Ce sera :</div>
<div style="text-align: justify;">
- pour se rendre rue de Berri, là où il volera la DS grise,</div>
<div style="text-align: justify;">
- pour se rendre, pour la deuxième fois, au Martey's afin de voir Valérie, la pianiste,</div>
<div style="text-align: justify;">
- pour son dernier trajet au destin fatal.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans le cas du dernier trajet, ce sera l'unique fois où nous verrons vraiment Jef descendre les marches, comme si cette bouche de métro l'avait littéralement avalé, les grilles, de part et d'autre de l'entrée, faisant immanquablement penser à une rangée de dents acérées. Une bouche vorace d'un animal étrange qui le "recrachera" quelques minutes plus tard à la station Châtelet, complètement essoufflé. </div>
<div style="text-align: justify;">
La symbolique du métro comme entrailles d'un Paris ressemblant à une énorme baleine ou à un cachalot, ne semble pas anodine. Et l'image du cétacé rappelant le mythe de Jonas, l'histoire de Pinocchio ou, bien sûr, celle de Moby Dick semble évidente. </div>
<div style="text-align: justify;">
Cette dernière fois annonçant la fin de Costello qui, comme le héros de Herman Melville, a décidé malgré tout d'aller jusqu'au bout.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-22561883409761444822017-07-04T07:00:00.000+02:002017-08-31T12:29:15.132+02:00Objet #18<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAaGVlUGZrSIRdfrj6jkHz-R8HI1VBU0AyMH6yNOa2xcgKdjESJXT535QQfUf_02O2I_krSXlQLEARPKRKOV7HXLF_G04ztS-ogOHQj3s52LUdbiXbIxTZrmD12f2Xyo-y6g03HGNyGZ8/s1600/MontreCartierTank.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="546" data-original-width="1003" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAaGVlUGZrSIRdfrj6jkHz-R8HI1VBU0AyMH6yNOa2xcgKdjESJXT535QQfUf_02O2I_krSXlQLEARPKRKOV7HXLF_G04ztS-ogOHQj3s52LUdbiXbIxTZrmD12f2Xyo-y6g03HGNyGZ8/s1600/MontreCartierTank.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Montre Cartier modèle Tank carrée, 2017 </i>- Dessin © Yannick Vallet (d'après Jean-Pierre Melville)</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Le cercle rouge</i></span><br />
<style><!--
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</style>
<br />
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><u>INTERIEUR . LE GREFFE DE LA PRISON DES BAUMETTES</u></span></div>
<div class="MsoNormal">
</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";">Dans le bureau, tandis qu'un employé</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";">lit une liste inscrite sur un registre, </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";">un autre retire d'une boîte sortie</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";">d'une armoire métallique les objets</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";">que Corey avait sur lui quant il a été</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";">arrêté.</span>
</div>
<div class="MsoNormal">
</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span></span><span style="color: black; font-family: "courier";"><u>1er EMPLOYÉ</u></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>… Un portefeuille… trente mille</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>anciens francs… trois photos…</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>un permis de conduire… un passe-</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>port…</span>
</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><u>COREY</u></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Périmé…</span>
</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><u>1er EMPLOYÉ</u></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Une montre-bracelet en platine…</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="color: black; font-family: "courier";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Un trousseau de clés…</span>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
C'est dans cette scène qu'on aperçoit pour la première fois la montre de Corey. Plutôt luxueuse la montre. Il ne la mettra d'ailleurs pas tout de suite, la fourrant rapidement dans la poche de son imperméable.</div>
<div style="text-align: justify;">
Puis, comme dans <i>Le samouraï</i> et <i>Un flic</i>, Alain Delon, dans <i>Le cercle rouge</i>, portera sa montre à l'intérieur de son poignet droite. Exactement comme Jean-Pierre Melville dans la vraie vie. Le cinéaste et le personnage ne font plus qu'un, ils sont une unique et même personne. L'identification est totale : le personnage est le cinéaste.</div>
<div style="text-align: justify;">
Par contre, ce qui est une fois de plus étonnant, c'est que Melville ne se servira jamais de la montre pour établir un suspense. Alors que le seul gros plan qu'il fait de cet objet, se situe pendant le cambriolage de la bijouterie, l'indication de l'heure qu'il nous donne est juste … une indication de l'heure<span style="font-size: x-small;">[1]</span>. Nous savons qu'il est trois heures du matin et c'est tout. À aucun moment, en amont de l'action nous avons été mis au courant d'un délai ou d'un horaire quelconques. Le spectateur doit simplement apprécier que l'action se déroule en pleine nuit et qu'à priori personne ne sera là pour déranger les cambrioleurs. Toute tension engendrée par un élément extérieur est ainsi désamorcée. La seule tension palpable viendra des trois protagonistes eux-mêmes enfermés dans ce lieu, ainsi que du travail un peu particulier qu'ils effectuent. Une montre pour seul témoin d'une seule obsession, celle du temps qui passe tout naturellement.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
À noter que dans <i>Un flic</i>, Edouard Coleman porte également une <i>Cartier</i> mais de modèle <i>Tank cintrée</i>. Que l'on ne voit d'ailleurs pratiquement pas à l'écran, si ce n'est au moment où il l'enlève pour frapper un des pickpockets !</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">[1] on comprend ainsi que Jansen devait se trouver derrière la porte blindée de la bijouterie à cette heure précise, pour pouvoir lui ouvrir de l'intérieur. Et effectivement, lorsque Corey ouvre, Jansen est bien là. Donc tout se déroule comme prévu.</span></div>
<br />Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-34749797007443799632017-06-29T07:00:00.000+02:002017-06-29T19:03:32.763+02:00Objet #17<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwmfpqPoPrvmGOR9jYWBS9l1fTGMXcugmDhjRIXMUJ5CB-s_LbW2nabFZupFdLoHue7GJbxiZUMjf6wurw68AM7w2N5NMlH5VNQ6_4p3SxO94Kg_dw8ks7tonZpvkMp8Zhyphenhyphenbj39w2rNlM/s1600/RayBan.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1014" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwmfpqPoPrvmGOR9jYWBS9l1fTGMXcugmDhjRIXMUJ5CB-s_LbW2nabFZupFdLoHue7GJbxiZUMjf6wurw68AM7w2N5NMlH5VNQ6_4p3SxO94Kg_dw8ks7tonZpvkMp8Zhyphenhyphenbj39w2rNlM/s1600/RayBan.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Lunettes de soleil Ray-Ban Caravan, 2017</i> - Polaroid © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Un flic</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">Edouard Coleman possède deux versions de ce modèle emblématique de Ray-Ban, des lunettes indissociables de l'image de Jean-Pierre Melville. </div><div style="text-align: justify;">La variante lunette noire bien sûr, mais également celle de vue qu’il utilise essentiellement au bureau lorsque le commissaire étudie ses dossiers. Le rituel étant toujours le même lorsqu’il doit les enlever : il les replie tout d’abord bien consciencieusement puis les glisse délicatement dans la poche poitrine de sa veste. Alors qu’Alain Delon n’a même pas 40 ans au moment d’<i>Un flic</i>, les lunettes de vue (pour la presbytie liée à l’âge ?) donnent au comédien un surcroît de gravité, de maturité, en pleine cohésion avec le rôle.</div><div style="text-align: justify;">Quant à la version solaire, on la découvrira à l’occasion d’une scène assez étrange (un moment de cinéma qui pourrait - presque - être du De Palma) alors même qu’il n’y a pas de soleil !</div><div style="text-align: justify;">Edouard vient de se faire déposer par son adjoint dans le quartier des Grands magasins. Avant de traverser la rue, il chausse ses lunettes noires puis s’engouffre dans un hôtel. Arrivé à l’étage, il se dirige sans hésiter vers la porte d’une chambre et l’ouvre énergiquement puis entre et referme derrière lui :</div><div style="text-align: justify;">Edouard (enlevant ses lunettes) : <i>Au nom de la loi, je vous arrête.</i></div><div style="text-align: justify;">La caméra panote lentement vers le haut jusqu’à découvrir le plafond de la pièce entièrement recouvert d’un miroir. Dans celui-ci, se reflète l’image de Cathy en peignoir de satin s’avançant vers Coleman.</div><div style="text-align: justify;">Cathy : <i>Comment m’avez-vous trouvée ?</i></div><div style="text-align: justify;">Plan poitrine des deux face à face.</div><div style="text-align: justify;">Coleman : <i>C’est mon métier.</i></div><div style="text-align: justify;">Cathy tend la main vers la tête de Coleman, caresse ses cheveux puis descend lentement, glissant la main sous le manteau. Soudain, d’un geste brusque, elle se saisit du revolver du commissaire et le pointe sur lui.</div><div style="text-align: justify;">Cathy : <i>Non, un mort n’arrête personne.</i></div><div style="text-align: justify;">Regards des deux, droit dans les yeux, sourires complices. Cathy jette un œil à l’arme devenue dérisoire puis la balance sur le lit.</div><div style="text-align: justify;">Au plafond, le miroir renvoie l’image du couple s’embrassant fougueusement.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Très étonnant comme Melville ne choisit jamais l’option suspense ! À tel point que cette scène en deviendrait presque plate, voire téléphonée. Certes, Melville, en terme de mise en scène et de découpage, n’est ni Hitchcock, ni de Palma, mais bien au delà de ça, il semble que seule la situation lui suffise. Les enjeux sont clairement exposés. Cathy et Edouard sont amants et, petit plus, le jeu du gendarme et du voleur semble leur procurer un regain d’excitation. Et c’est tout !</div><div style="text-align: justify;">A noter d’ailleurs que dans la première version (celle du scénario), Edouard se contentait d’entrer dans la chambre et d’embrasser Cathy. Point. Une scène pour le moins minimaliste comme le cinéaste les affectionne particulièrement !</div><div style="text-align: justify;">Par contre, l’utilisation des lunettes noires n’est pas anodine puisqu’elle permet non seulement de donner une stature au personnage de Delon mais également de rythmer la séquence au moment où il entre dans la pièce. La gestuelle, un peu "frime", du personnage lorsqu’il enlève ses lunettes lui donnant l’allure d’un macho de pacotille. </div><div style="text-align: justify;">A noter qu’au commissariat, la scène se reproduira de manière pratiquement identique avec l’indic qui, tout aussi blonde que Catherine Deneuve d’ailleurs, se prendra une gifle monumentale après qu’Edouard ait enlevé ses lunettes, de vue cette fois-ci.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Un geste rituel qui semble nécessaire à Edouard Coleman pour asseoir son pouvoir. Un accessoire essentiel pour le personnage comme pour son créateur …</div><br />
<br />
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-24602032078235768392017-06-26T07:00:00.000+02:002017-08-25T15:17:55.884+02:00Véhicule #5<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1-L5A917bnm1bAS3rRCXkcda6jlfv6MesS3dtlraoB-FwZ_Wfyg4yQlHdzCbFMBaKLNCgZ4QN6fNY9NedkwfbM80cRxKx97_Y_rY5IMndj3TOszc_YsClNETdo8S2Vr0ScvE8fVxZp8Y/s1600/DodgeDart.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1-L5A917bnm1bAS3rRCXkcda6jlfv6MesS3dtlraoB-FwZ_Wfyg4yQlHdzCbFMBaKLNCgZ4QN6fNY9NedkwfbM80cRxKx97_Y_rY5IMndj3TOszc_YsClNETdo8S2Vr0ScvE8fVxZp8Y/s1600/DodgeDart.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Dodge Dart 270, Modèle réduit 1/43e, peinture carrosserie, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film :</b> <i>Un flic</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
« <i>Chaque après-midi à la même heure, je commençais mon périple par la descente des Champs-Élysées …</i> » </div>
<div style="text-align: justify;">
C'est lors de cette séquence, trois minutes après le début du film, que l'on découvre Edouard Coleman dans sa voiture de fonction, une Dodge Dart 270 de 1963. Plutôt étrange cette petite américaine pour la police française. Mais pas de doute possible, le téléphone connecté au central qui y est installé prouve bien qu'elle n'est pas un véhicule comme les autres.</div>
<div style="text-align: justify;">
<i>La voiture d'Edouard</i> (comme il est indiqué dans le scénario) sera de toutes ses sorties. Quand il fait ses rondes dans Paris, bien entendu, mais également lorsque, tard dans la nuit, il a rendez-vous avec son indic rue de Provence, à l'arrière des Grands Magasins. Lorsque, dans la journée, il se rend à l'Eole-Hôtel rue Joubert <span style="font-size: x-small;">[1]</span> pour retrouver Cathy, sa maîtresse, ou qu'il doit aller à Bordeaux pour s'assurer de la livraison faite à Mathieu la valise. Et puis, et surtout, ce sera le dernier refuge dans lequel il montera, à la fin du film, lorsque après avoir abattu Simon en pleine rue, il lancera un dernier regard en forme d'adieu à Cathy. Une Cathy qui semble un peu perdue, là, au milieu de l'avenue Carnot déserte, adossée à sa petite voiture anglaise, indifférente au vent glacé dans son luxueux manteau de fourrure.</div>
<div style="text-align: justify;">
La Dodge Dart de Coleman est comme une sorte d'antichambre de son bureau. Elle est la continuité naturelle de son antre. Le lieu où il se sent en sécurité, tout puissant dans son personnage de commissaire totalement intègre. Et lorsque les mâchoires serrées, il descend à nouveau les Champs-Élysées après avoir accompli son devoir de flic, l'habitacle de sa voiture sera comme un cocon intime où rien ne pourra le déranger, ni le chewing-gum que lui tend son adjoint dans un geste de compassion (formidable Paul Crauchet), ni même l'appel insistant provenant du central de la police.</div>
<div style="text-align: justify;">
Coleman, seul dans son mutisme, droit dans ses bottes, fixant la route, scrutant l'avenir … Ou comment Melville, seul face à lui-même, réussit à transmettre à travers son personnage ses sentiments les plus intimes <span style="font-size: x-small;">[2]</span>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
[<span style="font-size: small;">1] page 64 du scénario mais cela ne semble pas correspondre à ce qu'on voit à l'écran. D’autant que le nom de l’hôtel dans le film est Arc Elysées.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><br />
</span> <span style="font-size: small;">[2] On sait par Florence Welsch que Melville était conscient de l'heure de sa mort : « <i>Son arrière grand-père, son grand-père et son père sont morts du cœur à cinquante-cinq ans. Il était persuadé qu'il allait mourir au même âge.</i> » Et effectivement, il est mort à 55 ans, 9 mois après la sortie d'<i>Un flic</i>. (interviewée par Denitza Bantcheva en 1995 (in <i>Jean-Pierre Melville de l'œuvre à l'homme</i>) </span></div>
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-87022168065407669322017-06-22T07:00:00.000+02:002017-07-13T10:45:38.115+02:00Objet #16<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE7Ke24YyQdeohyphenhyphenBq__jYuK_ON79J1R6T07ZZXFXOe8N4YzpF8edcEy4XAgCqNiFbnb3ulli7lOjpC6AbI8OHVjhDpGvyFgjZ8N-byQ5lfc2SbVy00HBgLBv_mAeYoWwbAcfaVop95RKQ/s1600/colt_DESSIN.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE7Ke24YyQdeohyphenhyphenBq__jYuK_ON79J1R6T07ZZXFXOe8N4YzpF8edcEy4XAgCqNiFbnb3ulli7lOjpC6AbI8OHVjhDpGvyFgjZ8N-byQ5lfc2SbVy00HBgLBv_mAeYoWwbAcfaVop95RKQ/s1600/colt_DESSIN.jpg" /></a></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #666666;"><i>Pistolet Colt M1911A1, 2017</i> - Dessin © Yannick Vallet</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #666666;"><br />
</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #666666;"><b>Film :</b> <i>Le cercle rouge</i></span></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Ce Colt, célèbre pistolet arboré par certains personnages des films noirs américains, est entre autres en 1941 celui d'Humphrey Bogart dans <i>High Sierra</i> ou <i>Le Faucon Maltais</i> et l'année d'après dans <i>Casablanca</i> et <i>Sahara</i> <span style="font-size: x-small;">[1]</span>. Inutile de préciser donc qu'il s'agit là d'une arme particulièrement symbolique pour Melville.</div><div style="text-align: justify;">Dans <i>Le cercle rouge</i>, celle-ci apparaît pour la première fois dans le coffre-fort de Rico lorsque Corey, à sa sortie des Baumettes, vient chercher son dû chez son ancien acolyte. C'est en quittant Marseille qu'il se décidera finalement à la déposer (avec le P38 piqué aux larbins de Rico) dans sa sacoche de voyage, cachée dans le coffre de la Plymouth.</div><div style="text-align: justify;">Et évidemment, quelques heures plus tard, lorsque Vogel sortira de la malle arrière, au milieu d'un champ désert et face à Corey, ce sera armé du même Colt qu'il a récupéré dans la sacoche. Le pistolet a changé de main mais Corey ne semble pas être plus affecté que ça. Normal : pour lui le Colt n'est qu'un accessoire et ce n'est pas une arme qui contribuera à forger son image. Sa détermination et sa force sont bien plus grandes que n'importe quel pouvoir provenant d'une quelconque arme.</div><div style="text-align: justify;">La preuve, il ne reprendra jamais le Colt à Vogel qui, lui, le gardera sur lui jusqu'à son dernier souffle. Lorsqu'il s'enfuira dans les jardins de la villa de Louveciennes, après avoir prévenu Corey du piège tendu par Mattéi.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[1] Respectivement : de Raoul Walsh (1941), John Huston (1941), Michael Curtiz (1942), Zoltan Korda (1943)</span></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><br />
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-75430862084061809512017-06-19T07:00:00.000+02:002017-06-19T09:45:40.426+02:00Décor #4<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_309KkNz0tXHyL1OsNaLOfKCpfhA5bJH-cy8IyzH9wzsjOCtNgeiyXn20NX_I6SSXl9VXFM2EiX-E6GIWDCDVvNQDWAOFhiOYRQIUUPEZ5L6XGkbdt4N0lcpKmCmf67TBL5ebIxBVW4E/s1600/ReconstitutionCommissariat.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="602" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_309KkNz0tXHyL1OsNaLOfKCpfhA5bJH-cy8IyzH9wzsjOCtNgeiyXn20NX_I6SSXl9VXFM2EiX-E6GIWDCDVvNQDWAOFhiOYRQIUUPEZ5L6XGkbdt4N0lcpKmCmf67TBL5ebIxBVW4E/s1600/ReconstitutionCommissariat.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Bureau du commissaire Edouard Coleman (reconstitution), 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Un flic</i></span><br />
<span style="color: #666666;"><b>Adresse :</b> inconnue (16<sup>e</sup> arrondissement de Paris)</span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">Si dans <i>Le samouraï</i> et <i>Le cercle rouge</i>, les lieux-refuges des héros sont de véritables lieux de vie - des appartements édifiés pour cette fonction - dans <i>Un flic</i>, le lieu-refuge de Coleman est en fait son bureau professionnel. </div><div style="text-align: justify;">N'oublions pas que la première de ses interventions commence par ces mots « <i>Chaque après-midi à la même heure, je commençais mon périple par la descente des Champs-Elysées.</i> » Et avant ? Avant l'après midi, où est-il ? Que fait-il ? Où mange-t-il ? Où dort-il ? Où se lave-t-il ? On ne le saura jamais car son chez lui c'est son bureau, dans <i>son</i> commissariat. Peu importe où il vit, son adresse administrative n'a aucun intérêt car sa vie c'est son métier et uniquement son métier. Tout entier symbolisé par ce bureau.</div><div style="text-align: justify;">L'antre de Coleman (au même titre d'ailleurs que la chambre de Costello) est le lieu où lui seul décide, le lieu où il est le patron, le lieu d'où part chacune de ses décisions que ce soit pour lui-même, comme dans le cas du <i>Samouraï</i>, ou comme ici lorsqu'il doit diriger son équipe. Le parallèle avec le bureau de Melville le cinéaste est, à ce titre, éloquent. Et le bureau-meuble inséré dans le bureau-pièce rappelle de manière troublante la plupart des grandes interviews qu'a pu donner le réalisateur. Car toutes commencent de manière identique : Melville, assis derrière son imposant bureau est en train de lire, d'écrire ou de téléphoner puis, comme s'il venait de signifier au journaliste qu'il était prêt, celui-ci commence son travail d'intervieweur. </div><div style="text-align: justify;">Et dans <i>Un flic</i> c'est à peu prés la même chose. A chaque fois qu'on découvre Edouard Coleman au commissariat, celui-ci est assis à son bureau, en train de lire un document ou de l'annoter. Et même lorsqu'il n'y est pas encore mais qu'il entre dans la pièce (comme lors de l'arrestation de Costa), il se précipite sur sa chaise et s'y assoit, comme pour bien signifier qu'il est le boss. </div><div style="text-align: justify;">Le créateur et sa créature, chacun dans leur univers, l'un réel, l'autre fictionnel, comme une image identique mais inversée de la vie :</div><div style="text-align: justify;">« <i>Mon univers personnel est un univers réel dans lequel entre, quand même, pour partie, un élément de spectacle, puisque mes murs, mes meubles et mon cadre, c'est ce que j'aime regarder. À partir du moment où je regarde, ce que je vois c'est du spectacle même si c'est immobile, même s'il n'y a pas d'auteur ; mais j'ai choisi des meubles, j'ai choisi des couleurs de mur, j'ai choisi des objets. Alors cet univers réel est à l'origine de mon univers irréel dans mes films puisque, et je ne le fais jamais exprès, on me l'a fait remarquer, on retrouve tellement souvent des éléments de décor sur mes plateaux, sur mes décors de films qui existent chez moi à l'état d'embryon quelquefois, ou à l'état d'intention. </i>» <span style="font-size: x-small;">[1]</span></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[1] Jean-Pierre Melville interviewé par André S. Labarthe pour le documentaire <i>Jean-Pierre Melville : portrait en neuf poses</i> (Cinéastes de notre temps, 1971)</span></div><br />
<br />
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-74862759987563708052017-06-15T07:00:00.000+02:002017-06-15T10:17:58.803+02:00Objet #15<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHIeegun1Kssp-48ub_VSkNf6xpB8vw_jBF4FPZzweNInRT0Vu0vfhIxamBWO0hyuGD3zuLdeE4TdP07zJgU7fextg4vPpYYnP7kffp_NZl1m07BB6saANQWIVgihBQYdkYlByWGAOjOc/s1600/TelephoneGris.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1019" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHIeegun1Kssp-48ub_VSkNf6xpB8vw_jBF4FPZzweNInRT0Vu0vfhIxamBWO0hyuGD3zuLdeE4TdP07zJgU7fextg4vPpYYnP7kffp_NZl1m07BB6saANQWIVgihBQYdkYlByWGAOjOc/s1600/TelephoneGris.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Téléphone Socotel 63, 2017</i> - Polaroid © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Un flic</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">Contrairement au <i>Samourai</i> <span style="font-size: x-small;">[1] </span>et au <i>Cercle Rouge</i> <span style="font-size: x-small;">[2]</span>, le téléphone est extrêmement présent dans <i>Un flic</i>. </div><div style="text-align: justify;">Tout d'abord, il est le seul lien entre la voiture de Coleman patrouillant dans Paris et le commissariat et le seul moyen par lequel le commissaire et son adjoint reçoivent les indications pour se rendre sur les lieux d'un délit. La scène se déroule à chaque fois de manière totalement identique :</div><div style="text-align: justify;">La sonnerie du téléphone retentit.</div><div style="text-align: justify;">L'adjoint décroche : <i>Voiture huit ! … Je vous le passe.</i></div><div style="text-align: justify;">Edouard Coleman : <i>Oui ! … Où ça ? … On y va et je vous rappelle après …</i></div><div style="text-align: justify;">Ce copier/coller scénaristique, révélateur d'une certaine routine policière, a lieu à trois reprises. A la quatrième fois, aucun des deux ne décrochera. Ce sera à la toute fin du film, sur les Champs-Élysées, quelques minutes après que Coleman ait tiré sur son ami Simon.</div><div style="text-align: justify;">Mais c'est dans le bureau du commissaire que le fameux téléphone gris à cadran, posé sur son support métallique articulé, trône fièrement au-dessus des dossiers en cours. Et même s'il côtoie un autre téléphone "style standard à touche" plus sophistiqué, ce sera tout de même le Socotel 63 qui aura les faveurs d'Edouard. Le S63, symbole d'une liberté d'action immédiate puisqu'il ne passe pas par le standard interne du commissariat, relie directement Edouard au monde extérieur. Il pourra ainsi appeler son ami Simon sans intermédiaire. Le téléphone, à l'époque outil de communication ultime, est également le symbole d'une certaine liberté puisqu'il permet au commissaire, sans avoir à se justifier, d'entrer en contact avec n'importe qui, y compris avec les voyous.</div><div style="text-align: justify;">Par contre, la version S63 à touches, posée elle sur le bureau du night-club, va précipiter Simon dans sa chute. Alors qu'il appelle sa maîtresse pour lui donner rendez-vous, une équipe de quatre techniciens des télécommunications (les PTT comme on les appelle alors), essaie de déterminer d'où provient l'appel tandis qu'Edouard, entouré de ses adjoints, écoute et enregistre. Cathy, qui reçoit la communication au Simon's, semble étrangement laisser durer, plus que de raison, l'appel. Sans rien dire pendant près de vingt secondes, elle laissera finalement Simon prendre la décision de raccrocher.</div><div style="text-align: justify;">On le voit, dans <i>Un flic</i>, le téléphone est devenu un des rouages de l'intrigue alors que dans <i>Le samourai</i> et <i>Le cercle rouge</i>, il n'était au mieux qu'un instrument pratique de communication.</div><div style="text-align: justify;">La société a évolué et Melville, témoin de son temps, essaie d'intégrer à son univers une technologie de plus en plus sophistiquée. Fascination pour le futur et nostalgie d'un temps révolu, le cinéaste devra désormais faire avec les deux. Sauf que la vie en décida autrement …</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[1] Dans <i>Le samouraï</i>, le téléphone intervient seulement trois ou quatre fois et est essentiellement utilisé par le commissaire et les flics. La seule fois où Jef l'utilise c'est pour rappeler Valérie chez elle mais celle-ci ne décroche même pas.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[2] Dans <i>Le cercle rouge</i>, Mattéi l'utilise pour mettre en place les barrages pour retrouver Vogel. Et Corey pour joindre Jansen. Il sera également utilisé pour mettre au point le rendez-vous avec le faux fourgue. Mais rien de plus.</span></div>Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-36882969321394450302017-06-12T07:00:00.000+02:002017-06-12T09:00:51.193+02:00Objet #14<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQa3cIoKqlKrjFtd5vgcj2wSjj504hrgNgxW_-sbafEBKZ9oDiIciqQW6aN42rGAqSGJExUYWKfZfAZnbZ2RGxuJnLfU6F-rF72apyM7vBieXu3Qd07mnb84AARZ7n_HHueX41Ns50rxA/s1600/GauloisesFlic.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1019" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQa3cIoKqlKrjFtd5vgcj2wSjj504hrgNgxW_-sbafEBKZ9oDiIciqQW6aN42rGAqSGJExUYWKfZfAZnbZ2RGxuJnLfU6F-rF72apyM7vBieXu3Qd07mnb84AARZ7n_HHueX41Ns50rxA/s1600/GauloisesFlic.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Gauloises Caporal Filtre, 2017</i> - Polaroid © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Un flic</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">Après les Gitanes du <i>Samourai</i> et du <i>Cercle rouge</i>, voici les Gauloises d'<i>Un flic</i>.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Alors qu'il arbore à son poignet une luxueuse montre Cartier et qu'il écrit avec un stylo Montblanc, Edouard Coleman fume des Gitanes. Etonnant, puisque ces cigarettes ont toujours été plutôt associées au prolétariat ! Des symboles tout en contraste qui forge l'image d'un commissaire qui a réussi mais qui, malgré tout, n'oublie pas d'où il vient.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Toutefois, la cigarette est relativement peu présente dans <i>Un flic</i> puisqu'on ne la retrouvera que dans deux séquences. </div><div style="text-align: justify;">La première est celle où Edouard vient passer un moment au Simon's, après une longue fin de journée. Une main dans la poche, il pousse la porte du club en fumant sa cigarette. Affichant une coolitude parfaite, il salue d'un geste de la main les serveurs préparant la salle, puis va s'installer au piano. En habitué, cigarette aux lèvres, il jouera ainsi pendant plus de deux minutes, d'abord pour lui seul, puis pour sa maîtresse Cathy qui, visiblement très amoureuse, l'étreindra littéralement du regard. Un moment irréel, pendant lequel le temps semble s'être arrêté (même la cigarette, pourtant allumée, ne se consumera pas d'un millimètre). Un moment dont seul l'appel du travail - <i>Monsieur le Commissaire ? On vous demande.</i> - pourra interrompre la magie alors que quelques secondes plus tôt l'arrivée de Simon n'aura eu aucun effet.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">La seconde séquence est celle de l'interrogatoire de Costa suite à son arrestation. Cette fois-ci, et contrairement à la séquence précédente, l'irruption de la cigarette sera l'occasion de briser un moment hors du temps pendant lequel Coleman et Costa se jaugeront dans une sorte de duel "<i>à la Sergio Leone</i>". Un moment de tension soutenu par la musique de Michel Colombier où le commissaire fait la démonstration de sa détermination. Jusqu'au moment où celui-ci se décide finalement à briser la glace en sortant d'un geste faussement désinvolte son paquet de Gitanes. Costa acceptant volontiers la cigarette offerte, une sorte de pacte semble être scellé entre les deux. Jean-Pierre Melville reprend ici le motif déjà utilisé dans <i>Le cercle rouge</i> entre Corey et Vogel sauf que Coleman (même s'il ressemble par certains points à Corey) ne pourra jamais considérer que Costa est son égal. On est donc plutôt ici dans un jeu de dupes dans lequel le commissaire sait par avance que Costa est le grand perdant. La preuve : quelques secondes plus tard, un plan large du bureau nous montre Costa menotté, assis sur une chaise face à un puissant projecteur et à quatre flics (dont Coleman une cigarette à la main, dans une attitude aussi cool que chez Simon's).</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Même si le héros melvillien a évolué (de truand, il est devenu flic), le symbole de la cigarette reste toujours identique : celui qui la possède détient le pouvoir et est le seul à pouvoir contrôler la situation. A priori …</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><br />
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-43279322737499031422017-06-08T07:00:00.000+02:002017-06-08T09:51:37.967+02:00Objet #13<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_JZyU4kvIWQwdN7S0qNbb4Lla-1Z4ldOyT1ZyrC0qEBdRhsdrg_qUw_qfHLpy2wx6jlsKBkiGh7SiE-_pQ-DJayqKfLt7x7MKAf5erDHAPfjRX2OkgHrxfkJ_uTyIDz1LGSeYfMtkUps/s1600/Smith+%2526+Wesson+Model+10+DESSIN.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="1000" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_JZyU4kvIWQwdN7S0qNbb4Lla-1Z4ldOyT1ZyrC0qEBdRhsdrg_qUw_qfHLpy2wx6jlsKBkiGh7SiE-_pQ-DJayqKfLt7x7MKAf5erDHAPfjRX2OkgHrxfkJ_uTyIDz1LGSeYfMtkUps/s1600/Smith+%2526+Wesson+Model+10+DESSIN.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Revolver Smith & Wesson Model 10, 2017</i> - Dessin © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Le samourai</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">Le Smith & Wesson Model 10, dont les premiers modèles datent du début du XXe siècle, semble être l'arme de prédilection de Jef Costello. Une arme fournie systématiquement par le garagiste de Montreuil contre une petite liasse de billets et qui, pour le tueur, n'est rien d'autre qu'un outil de travail. Un objet dont on se sépare sans aucun état d'âme lorsqu'il a servi : après avoir descendu le patron du Martey's, c'est du haut du Pont Alexandre III que Costello le balancera dans la Seine.</div><div style="text-align: justify;">Jef reviendra deux jours plus tard à Montreuil pour en récupérer un autre (<i>J'te préviens Jef … c'est la dernière fois</i>). Et effectivement ce sera l'ultime fois : après avoir abattu Olivier Rey de deux balles à bout portant, Costello se rendra chez Martey pour faire ses adieux à Valérie. Bien décidé à en finir, il "se fera suicider" par les forces de l'ordre planquées dans les lieux : ayant retiré les balles du barillet, il ne se laisse aucune chance face à la police qui, logiquement, pense qu'il va tirer sur la pianiste <span style="font-size: small;">[1]</span>.</div><div style="text-align: justify;">Le revolver, objet essentiel de la vie de Costello, devenu instrument de sa propre mort.</div><br />
<br />
<span style="font-size: small;">[1] Jusqu'à la toute fin, on ne saura pas que Costello a enlevé les balles de son revolver. Un plan serré nous montre le barillet plein lorsqu'il est dans la voiture puis ellipse : alors qu'un couple sort du club de jazz en plan large, Costello entre et dépose son chapeau au vestiaire, laissant le ticket de consigne sur le comptoir. Après la fusillade, le commissaire montre le barillet vide à Valérie, preuve qu'il n'avait absolument pas l'intention de la tuer. Les balles sont, selon toute vraisemblance, restées dans la DS.</span>Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-85852573238687536762017-06-01T07:00:00.000+02:002017-06-01T11:17:41.938+02:00Véhicules #3 et #4<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgngE3IVic-dlxSMXkQr9mTAo36SquALr5R1eok5nfSjAjbmH67U2s8vDUjaXNBD7T_oe0lnRtzg3udBFn0L5YVCASkmAO4JLx7RfqKMtRB44aj0GGb2V7Ka9XGT__l_Szzg1l-XWiAIi8/s1600/Estafette%252B404.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgngE3IVic-dlxSMXkQr9mTAo36SquALr5R1eok5nfSjAjbmH67U2s8vDUjaXNBD7T_oe0lnRtzg3udBFn0L5YVCASkmAO4JLx7RfqKMtRB44aj0GGb2V7Ka9XGT__l_Szzg1l-XWiAIi8/s1600/Estafette%252B404.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Renault Estafette & Peugeot 404 Break Gendarmerie, Modèles réduits 1/43e, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Le cercle rouge</i></span><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
En remontant sur Paris, Corey croisera par deux fois la Gendarmerie. Premiers contacts concrets avec l'autorité, avant d'avoir affaire à la police parisienne. Mais également premier lien direct le reliant à Vogel et, par voie de conséquence (mais il ne le sait pas encore), au commissaire Mattéi.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce sera donc au niveau des deux barrages routiers établis à la demande de Mattéi justement, suite à l'évasion de Vogel :</div>
<div style="text-align: justify;">
- premier barrage à Saint-Loup-de-Varennes, au niveau du monument à Nicéphore Niepce. Tandis qu'un homme armé d'une mitraillette tire une herse en travers de la chaussée et dépose un panneau GENDARMERIE, à l'arrière-plan, on aperçoit une 404 break ainsi que deux estafettes. Corey passera devant elles lorsqu'il repartira.</div>
<div style="text-align: justify;">
- deuxième barrage, aux alentours de Chalon-sur-Saône, les motards de la gendarmerie faisant la circulation, on aperçoit sur le bas-côté également deux estafette et une 404 break (vraisemblablement les deux mêmes qui ont servi pour la séquence précédente).</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Corey se joue ici des gendarmes, leur présence ne semblant être pour lui qu'un décorum dont il n'a que faire. Seul dans sa Plymouth. Seul contre ses ex-acolytes. Seul face à l'autorité. Seul mais accompagné de Vogel. En route vers la capitale avec pour unique but, le casse du siècle …</div>
Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-35213375891282389122017-05-24T07:00:00.000+02:002017-05-24T07:00:01.642+02:00Lieu #9<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEho0V45d_hHP92APKjQTCkfry3DiX-SwJoEvL8uW3-13ZuqUMGgV0w9jR2Lrl5vcdv9HYo0DKKlssIxhBC00pzAMEN-ZzJEqTs6wgOPUDbqfblDyc28RJDWqwLefMJ-z2HKCRyvJ8D4oJ0/s1600/Rigaunes_3_20.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEho0V45d_hHP92APKjQTCkfry3DiX-SwJoEvL8uW3-13ZuqUMGgV0w9jR2Lrl5vcdv9HYo0DKKlssIxhBC00pzAMEN-ZzJEqTs6wgOPUDbqfblDyc28RJDWqwLefMJ-z2HKCRyvJ8D4oJ0/s1600/Rigaunes_3_20.jpg" /></a></div>
<span style="color: #666666;"><i>Immeuble Appartement de Costello, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span><br />
<span style="color: #666666;"><br /></span>
<span style="color: #666666;"><b>Film : </b><i>Le samourai</i></span><br />
<span style="color: #666666;"><b>Adresse</b> : Impasse des Rigaunes - Paris 19<sup>e</sup></span><br />
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La première fois que nous découvrons la rue où habite Costello, il fait nuit. Celui-ci sort de son immeuble afin de retrouver Valérie au Martey's : à la pâle lueur des réverbères, Jef laisse négligemment tomber dans le caniveau le paquet de pansements, de cotons et de gazes, dont il s'est servi pour soigner sa blessure, puis traverse la rue pour se rendre au métro Télégraphe.</div>
<div style="text-align: justify;">
Comme on le verra un peu plus tard, et de jour, la configuration de l'impasse n'est plus tout à fait la même aujourd'hui. Si les deux immeubles qui se font face (celui de Costello et celui de l'hôtel Pari's où planquent les flics) sont toujours là, l'accès en fond de voie n'existe plus, fermé par deux nouveaux immeubles et l'accès à un parking souterrain. Exit également les pavés de la chaussée et quelques fioritures ici ou là, sur les façades devenues bien lisses et à moitié borgnes.</div>
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A l'instar de tous les extérieurs du <i>Samourai</i>, cette voie est particulièrement identifiable dans la "géographie sociale" parisienne alors que, vu de l'intérieur de la chambre de Costello, la découverte que l'on aperçoit à travers les fenêtres, nous laisserait plutôt penser qu'on est aux Etats-Unis : « <i>On ne se sent pas tout à fait à Paris. Les spectateurs ne le sentiront pas eux. Ils subiront, sans analyser, le dépaysement qu'un décor va leur procurer et ça les aidera à s'installer un peu mieux dans le fauteuil.</i> » <span style="font-size: x-small;">[1]</span></div>
<div style="text-align: justify;">
Cela dit, vu de l'extérieur, cette minuscule impasse résume à elle seule l'univers intime de Costello. Située dans l'est parisien, dans un quartier populaire, à l'époque en pleine mutation, l'impasse des Rigaunes est, là encore, chargée d'une lourde symbolique. Voie sans issue séparant deux mondes (d'un côté celui des truands avec l'immeuble de Costello, de l'autre celui des flics avec l'hôtel qui leur sert de planque), sa chaussée pavée constitue une frontière poreuse à sens unique : seuls les flics ont le droit d'aller dans l'univers de Costello (ils traverseront la rue pour installer le micro dans la chambre de Jef) alors que Costello, lui, n'aura jamais accès à leur monde (il ne saura d'ailleurs jamais qu'ils sont là, à quelques mètres).</div>
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Toute la vie de Costello est là, dans cette impasse. À l'image de cet espace restreint : sans issue.</div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi57EZyF8nnbPZHt3_toeS0vm8gl8Mav2C7xVbL8UrARjuoC4AthdM6kppPT3Kgodxi2_dbAe90LHAZ_TY9xAKGOe1WawNByI8vR7NnP70nmAIS446lXRn2SU298koQozm-51qfiCjPjAg/s1600/Hotel_Rigaunes_N%25233_19.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="419" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi57EZyF8nnbPZHt3_toeS0vm8gl8Mav2C7xVbL8UrARjuoC4AthdM6kppPT3Kgodxi2_dbAe90LHAZ_TY9xAKGOe1WawNByI8vR7NnP70nmAIS446lXRn2SU298koQozm-51qfiCjPjAg/s640/Hotel_Rigaunes_N%25233_19.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #666666;"><i>Immeuble du Pari's Hôtel, 2017</i> - Photo © Yannick Vallet</span></div>
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<span style="font-size: small;">[1] Jean-Pierre Melville interviewé en 1967 par Maurice Seveno sur le tournage du <i>Samourai</i> (Archives INA)</span>Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-33350317648728809552017-05-18T07:00:00.002+02:002017-05-31T12:38:58.978+02:00Objet #12<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQJ-C6kcpjxpu-XLfHgBxUXcZs-EGAx_Q7hRRsH0SnsE-d4iPHPLvnt_RjT5cawx_2aPlqdS3AzTSVqYG07NU4BgZsikf5J2BAmlvyUCr9jXHUYBGLB55_GS9Om7GIkH0yjWma9C94BwI/s1600/Montre+BeaumeMercier.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQJ-C6kcpjxpu-XLfHgBxUXcZs-EGAx_Q7hRRsH0SnsE-d4iPHPLvnt_RjT5cawx_2aPlqdS3AzTSVqYG07NU4BgZsikf5J2BAmlvyUCr9jXHUYBGLB55_GS9Om7GIkH0yjWma9C94BwI/s1600/Montre+BeaumeMercier.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Montre Baume & Mercier forme "coussin", 2017</i> - Dessin © Yannick Vallet</span><br />
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</span> <span style="color: #666666;"><b>Film :</b> <i>Le samourai</i></span><br />
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<div style="text-align: justify;">Le temps passé. Les années écoulées. Les dates précises, les dates anniversaires. Les montres. Les horloges. Jean-Pierre Melville semble avoir une passion dévorante pour le temps qui passe. Une obsession comptable pour l'exactitude temporelle dont on peut se rendre compte dans chacune de ses interviews.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Ainsi dans <i>Le Samourai</i>, outre les indications de temps incrustées à l'image <span style="font-size: x-small;">[1]</span>, ce sont les plans sur la montre de Costello (ou de Costello regardant sa montre qu'il porte inversée au poignet de la main droite) qui nous indique avec précision où nous en sommes :</div><div style="text-align: justify;">- Chez Jane : assis sur le lit, il consulte sa montre (<i>Ce soir je suis arrivé chez toi à 7 heures un quart et je suis resté jusqu'à 2 heures du matin</i>),</div><div style="text-align: justify;">- Prêt à sortir du hall d'entrée de l'immeuble de Jane : il consulte sa montre. Comme prévu, il doit être pas loin de 2 heures du matin,</div><div style="text-align: justify;">- En sortant du 36 quai des Orfèvres : gros plan sur la montre, il est 6 h moins 10,</div><div style="text-align: justify;">- Chez Valérie, lundi matin : celle-ci regarde la montre que Costello vient de consulter (<i>6h10, téléphone-moi ici dans deux heures</i>),</div><div style="text-align: justify;">- Chez lui, lorsqu'il revient et qu'il doit appeler Valérie : donc il doit être à peu près 8h10 du matin,</div><div style="text-align: justify;">- Dans la voiture, devant le Martey's : la montre, que l'on voit à la faveur du plan sur sa main vérifiant le revolver, semble nous indiquer 11 heures du soir.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Ce temps qui ne s'arrête jamais, et dont la pellicule d'un film se déroulant inexorablement jusqu'à la dernière image est le plus évident symbole, semble obséder Jean-Pierre Melville. Une obsession qui semble atteindre son paroxysme dans <i>Le samourai</i> et que l'on ne peut s'empêcher de relier à des dates symboliques : l'année du tournage du <i>Samourai</i> est l'année de ses 50 ans et le film sortira seulement quelques jours avant son anniversaire, en octobre 1967.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">« Melville portait sa montre au poignet droit <i>parce que cela le gênait s'il la mettait à gauche. Il était cardiaque et je crois que cela le serrait trop du côté du cœur. Son arrière grand-père, son grand-père et son père sont mort du cœur à cinquante-cinq ans. Il était persuadé qu'il allait mourir au même âge. […] Il est mort entre ses 55 et 56 ans. </i>» <span style="font-size: x-small;">[2]</span></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[1] Samedi 4 avril, 6 heures du soir - Dimanche, 6h. moins le quart du matin - Dimanche, 10 heures du soir - Lundi, 7 heures du matin</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[2] Florence Melville interviewée par Denitza Bantcheva en 1995 (in <i>Jean-Pierre Melville de l'œuvre à l'homme</i>)</span></div><br />
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Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-8477525104811661898.post-6406396875486489522017-05-11T07:00:00.000+02:002017-05-13T18:35:39.986+02:00Décor #3<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyVmiI5UcUACO1-47p_pylrWo3M7tEGVjO4AfGXDoeeHKhAXTFu4AMlFJDzPoPWWxJ9tW-itcHcAat4WZZjShOQGHgE186WiDR6UGvkERGZIfSRxF_0JVFjAwNc8nFXRctFeAZ659n2zk/s1600/Diptyque+-+copie.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyVmiI5UcUACO1-47p_pylrWo3M7tEGVjO4AfGXDoeeHKhAXTFu4AMlFJDzPoPWWxJ9tW-itcHcAat4WZZjShOQGHgE186WiDR6UGvkERGZIfSRxF_0JVFjAwNc8nFXRctFeAZ659n2zk/s1600/Diptyque+-+copie.jpg" /></a></div><span style="color: #666666;"><i>Jef Costello EUR.05.66</i> - Diptyque © Yannick Vallet (d'après Jean-Pierre Melville)</span><br />
<span style="color: #666666;"><br />
</span> <span style="color: #666666;"><b>Film :</b> <i>Un flic</i></span><br />
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À l'hôtel de la rue Lepic, Edouard Coleman, alors qu'il s'apprête à sortir de la chambre de la prostituée assassinée, s'arrête quelques instants devant <i>un téléphone mural, avec, autour, une centaine de numéros de téléphone griffonnés au crayon, sur le papier peint.</i><br />
<i>Edouard : Ils vont avoir du boulot. </i><span style="font-size: x-small;">[1]</span><br />
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Le seul nom que l'on arrive à distinguer au premier abord est celui de Jef Costello ! Drôle de clin d'œil de la part du réalisateur qui n'avait même pas indiqué cet élément de décor dans le scénario.</div><div style="text-align: justify;">D'autant plus étonnant que, lorsqu'on prend le temps d'examiner une image arrêtée du film (à l'époque, en 1972, il était impossible de le faire puisque les magnétoscopes n'avaient même pas encore fait leur apparition), on peut lire bien plus … A savoir, le nom de "SIFFREDI" (nom de Delon dans <i>Borsalino</i>) ou "R. SARTET" (nom de Delon dans <i>Le clan des Siciliens</i>). Mais également le nom d'autres personnages de Melville dans d'autres films : "Gustave Minda" (Lino Ventura dans <i>Le deuxième souffle</i>), "Robert Montagné" ou "BOB" (Roger Duschesne dans <i>Bob le Flambeur</i>).<span style="font-size: x-small;">[2]</span></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Evidemment, personne à l'époque n'avait eu le temps de lire ces drôles de caméos, visibles uniquement par les gens de l'équipe sur le tournage. Une manière assez espiègle, de la part de Melville, de souligner malgré tout que, même si on est dans la pure fiction, il y a néanmoins un boss, un créateur, et que celui-ci n'est autre que le réalisateur lui-même !</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Alain Keit, lui, voit les choses autrement : " <i>Certes, la besogne policière [de Coleman] va être compliquée – rechercher, pister, attraper. Mais celle de Delon aussi. Se trouvant face à quelques-uns de ses rôles, il comprend vite que la tâche imaginée par Melville ne va pas être simple. Tout à la fois oublier Costello, Sartet, Siffredi… et en même temps les rassembler, les condenser pour composer Coleman. Dépecer des peaux de truands pour en faire une de flic, toute neuve.</i> "<span style="font-size: x-small;">[3]</span></div><div style="text-align: justify;"></div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;">Une fois de plus Melville et Delon, seuls face à eux-mêmes, se confondent, leurs personnages s'entremêlant ici dans une drôle de cacophonie graphique et scripturale.</div><div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[1] Extrait du scénario (page 28)</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;">[2] <i>Borsalino</i>, Jacques Deray (1970) - <i>Le clan des Siciliens</i>, Henri Verneuil (1969) - <i>Le deuxième souffle</i>, Jean-Pierre Melville (1966) - <i>Bob le Flambeur</i>, Jean-Pierre Melville (1956)</span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-size: small;">[3] Texte "<i>Le cercle bouge</i>" dans l'ouvrage collectif <i>Riffs pour Melville</i> (Yellow Now)</span> </span></div>Yannick Vallethttp://www.blogger.com/profile/09092914464547450857noreply@blogger.com