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17 juillet 2017

Lieu #11

1 rue Lord Byron, 2017 - Photo © Yannick Vallet

Film : Le samouraï

Dimanche, 6H. moins dix du matin.
Jef Costello, après une nuit passée au 36 quai des Orfèvres, sort du bâtiment sous une pluie battante. Il hèle un taxi :
- 1 rue Lord Byron.
Prudent, il regarde à travers la vitre arrière du véhicule pour vérifier qu'il n'est pas suivi.
Arrivé à destination, il entre sans hésiter dans l'immeuble. Puis un ascenseur le mène dans les étages où il emprunte un long couloir labyrinthique.
Mais le chauffeur de taxi était en fait un policier qui ne tarde pas à informer le commissaire par téléphone.
Le commissaire : Attention ! Le 1 rue Lord Byron est un immeuble à double issue.La sortie est sur les Champs-Élysées au 116 bis, dans le hall du Normandie.
Et effectivement, Costello ressortira quelques secondes plus tard par le 116bis !

Incroyable comme ici Melville, une fois de plus, fait preuve d'une grande précision. Mais les deux immeubles correspondent-ils vraiment ? La topographie des lieux est-elle plausible ? Je n'ai malheureusement pas pu le vérifier in situ, le côté Lord Byron étant gardé par un cerbère, le côté Champs-Élysées par un digicode !
Melville connaissant parfaitement la capitale, on peut supposer qu'il n'a rien inventé. La seule chose qu'il a créée étant des personnages stylisés, solitaires, magnifiquement mis en scène dans un environnement réaliste.
Un de ceux qui en parlent le mieux est certainement Nicolas Saada : « Il y a d'un côté cette précision géographique extrême et de l'autre, cette stylisation extrême. Et c'est ça, toute la force de Melville. La force du souvenir d'un Paris qu'il connaît comme sa poche parce qu'il a traîné dans les rues de Paris - il connaît chaque coin de rue, chaque immeuble, chaque croisement et il peut comme ça, géographiquement, bâtir des itinéraires de personnages. Et en même temps, ce Melville esthète, qui aime un cinéma qui a disparu, qui aime le cinéma américain, et qui essaie de le faire vivre dans cette France de 1967. » [1]


[1] Nicolas Saada à l'Institut Lumière de Lyon, le 11 février 2014