Film : Le samouraï
Melville avait un rêve, celui de faire un film en couleurs en noir et blanc. Pour Le samouraï, il souhaitait que les couleurs arrivent progressivement. François de Lamothe, son chef décorateur : « J'ai donc fait teindre des tissus en noir et blanc, j'ai patiné les murs de la chambre du Samouraï, cette espèce de cellule, pour qu'ils tirent sur le gris et qu'ils fassent très vieux ; Jean-Pierre m'a même fait refaire les étiquettes des bouteilles d'Evian pour qu'elles soient en noir et blanc, et non pas de couleurs vives, au début du film ! »[1]
Etonnantes toutes ces bouteilles d'Evian (une vingtaine), bien alignées, que l'on aperçoit à plusieurs reprises en haut de l'armoire, dans la chambre de Costello. Une sorte d'indice comme pour mieux souligner l'ascétisme du tueur. Mais jamais, à aucun moment, nous ne le verrons boire un verre d'eau, ou même quoi que ce soit d'autre. Au Martey's, lorsqu'il vient voir Valérie, la pianiste, il commande bien un whisky, mais ne le touchera pas. Et se contentera de le payer, avant de tourner les talons pour aller attendre la jeune femme à l'exterieur.
[1] François de Lamothe interviewé en 2007 par Denitza Bantcheva (Jean-Pierre Melville de l'oeuvre à l'homme)